Galerie Grand E terna - 3 juin au 19 juin 2010
Exposition parisienne commémorant l’attribution du 22ème Prix artistique et culturel de Kyoto à Fusayoshi Kaï.
"Je tiens depuis près de 40 ans un café tout près du palais impérial de Kyôto.
C’est à partir de ce lieu que je prends des photos, que je fais semblant d’écrire et que j’ai expérimenté mes pseudos-qualités de consultant en gestion. C’est dans ce café que j’ai exercé mes talents dans un comité de soutien en faveur d’un ami poursuivi en justice ou dans la direction d’une école parallèle (free school). Je suis devenu « cafetier » sans l’avoir vraiment voulu, je n’ai jamais cherché le boulot qui pourrait me convenir.
J’ai fait paraître un album au moment où je comptais abandonner la photographie. L’album fut si bien accueilli qu’il fut alors décidé d’organiser sur les bords de la Kamogawa (rivière Kamo) une grande exposition en plein air de mes photos, exposition où j’écoulais en les offrant aux voisins et riverains les 15 000 tirages de photographies que j’avais en stock. Cet événement alla jusqu’à faire un instant de moi un jeune leader des mouvements associatifs (machizukuri). Durant toutes ces années, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux artistes de passage originaires de différents pays du monde - j’ai même été invité à exposer aux Etats-Unis - et parmi tous ces visiteurs, il y avait évidemment plusieurs français. Pendant un temps, j’ai abandonné ce café pour ouvrir - trois années plus tard - un bar dans le quartier animé de Kyôto, un bar dans lequel on pouvait trouver et lire deux quotidiens français. C’est dans ce bar encore que j’ai connu de nombreux artistes, écrivains, traducteurs français avec lesquels je me suis lié d’amitié. Puis, j’ai repris le café. Au jour d’aujourd’hui, en quinze années, j’ai édité une trentaine d’albums de photographies, j’ai été invité à exposer à Boston, à Genève, à l’université de Berlin et dans plusieurs centres culturels japonais. Il y a eu plusieurs projets d’exposition à Paris mais aucun d’eux n’a pu se concrétiser. Au jour d’aujourd’hui, je suis également confronté à l’éventualité d’avoir à prendre la douloureuse décision de fermer mes établissements. J’ai passé l’âge symbolique de 60 ans (kanreki) et j’ai commencé le compte à rebours de ma vie de photographe. Je crains fort qu’elle ne risque de se clore sans que les quelques 150 000 négatifs que j’ai réussi à conserver ne voient jamais la lumière du soleil si je ne prends pas la peine de prendre calmement le temps d’y mettre un peu d’ordre. C’est dans cette mauvaise conjoncture que la chance m’a souri qui a voulu, l’an dernier, me voir décerner une prestigieuse distinction : le Prix artistique et culturel de Kyôto. Les offres d’exposition n’ont depuis cessé de se multiplier mais j’ai voulu en premier lieu que cela soit Paris. Paris est une ville qui aime et respecte les photographes. Paris est la ville où ont travaillé Henri Cartier-Bresson, Brassaï, Robert Doisneau. C’est une ville aimée et désirée, une ville qui m’a toujours personnellement attiré et cela dès mon plus jeune âge."
19 mai 2010
Kaï Fusayoshi
Exposition à la Galerie Grand E’terna
3 rue de Miromesnil
75008 Paris