Entretien avec Yuka Toyoshima à l’occasion de son Installation/vidéo “Helena”

lors de la Nuit Blanche à Paris

Yuka Toyoshima est une artiste japonaise qui vit à Paris depuis 10 ans. Au Japon, elle a étudié et pratiqué le théâtre Nô dès l’âge de 8 ans avant de rentrer, en 1993, à l’Université Nationale des Beaux Arts et de la Musique de Tôkyô dans la section théâtre Nô. De 1998 à 2000, sélectionnée pour un programme d’échange d’étudiants entre son Université et le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où elle a appris la danse contemporaine, la musique, les arts scéniques et collaboré avec plusieurs établissements parisiens. En 2004, elle a présenté à la Maison de la culture du Japon à Paris, sa première installation « Performance ‘‘Shu’’ » à l’occasion de l’événement « Dance and Media, Cultural Mix from Tokyo ». Elle collabore sur plusieurs projets avec notamment la Compagnie des Lucioles ou encore le Conservatoire de Vernon. Son projet HELENA a été sélectionné pour être l’un des projets associés de la 9ème édition de la Nuit Blanche à Paris, le 2 octobre 2010. Pendant toute la nuit, la vidéo HELENA a été projetée sur le mur de l’enceinte Philippe Auguste.

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« Le Théâtre du Nô est ma source d’inspiration »

Comment vous définiriez-vous en tant qu’artiste ?

Je réalise des vidéos contemporaines. Ayant reçu une formation artistique au Japon sur le Théâtre du Nô, ce théâtre est très présent dans mon travail.

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Où puisez-vous votre inspiration ?

Le Théâtre du Nô est ma source d’inspiration. Le Nô a son origine dans les mythes et les récits classiques japonais. Je m’inspire finalement de tous ces éléments classiques. Et, pour moi, le Nô comporte une « contemporalité » particulière grâce à son expression épurée qui est le fruit de raffinements appliqués pendant des siècles.

Quelles sont vos influences ? Vous rattachez-vous à un courant artistique particulier ? à des artistes ? des œuvres ?

L’abstraction de la Danse contemporaine que j’ai rencontré en France m’a donné une nouvelle direction, car la puissance du Nô provient d’un équilibre entre deux qualités : dramatique et abstraite. Ces deux qualités, je les ai retrouvées pour l’essentiel dans la danse contemporaine. Le Nô et la Danse contemporaine sont très différents, voir opposés au niveau pratique. Mais je trouve un rapprochement possible entre eux dans la perception artistique et émotionnelle possible.

Cette attente me permet de prendre conscience réellement du rapport humain et artistique entre ma culture et la culture occidentale.

Pensez-vous que le fait que vous soyez japonaise et que vous résidiez en France ait une influence sur votre travail artistique ? De quelle façon ?

A travers mon travail, je pense que les français s’attendent à rencontrer quelque chose d’inconnu provenant de ma culture japonaise. Cela n’a pas d’influence directe sur mon travail, mais cette attente me permet de prendre conscience réellement du rapport humain et artistique entre ma culture et la culture occidentale.

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Comment est né le projet Helena ?

HELENA est un personnage mythique en Grèce qui incarne “la beauté absolue”.
En donnant son nom à mon projet, je voulais accorder à cette valeur - la beauté - une importance, un sens, qu’elle n’a plus aujourd’hui, par exemple, dans l’Art contemporain. Mais je crois que la naissance ou l’origine de l’Art était tout d’abord de rencontrer quelque chose qui vient ‘au-delà’ de nous, et de l’exprimer. Donc,beaucoup plus proche des “rituels”, comme c’est le cas dans le Nô. Je voulais garder et reproduire cette identité “classique” de l’Art à travers ce projet même en transposant les récits du Nô en une nouvelle forme contemporaine.

Quels souvenirs gardez-vous de la Nuit Blanche ?

Voir mes images se fondre avec l’Enceinte de Philippe Auguste qui existe à Paris depuis la 12e siècle a été simplement émouvant. J’ai été touchée lorsque j’ai entendu les spectateurs applaudir et parler de mon travail. Il y avait des gens qui venaient me parler pour me dire combien ils étaient contents de passer sur mon site… c’était une ambiance très vivante, conviviale et agréable.

Actuellement, travaillez-vous sur d’autres projets ?

Je suis en train de réaliser “Flore et Zéphyr”, un des documentaires d’une série nommée « Portrait ». Ce documentaire est composé en 2 parties : la première partie sur Carole Mougeolle, danseuse contemporaine, et la deuxième sur Yasutaka Isumi, acteur du Nô. Tous les deux parlent parallèlement, à Tokyo et à Paris, de leurs recherches corporelles et de leurs vies consacrées à leurs longues voies artistiques.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Réaliser un projet autour du “Kojiki” qui parle de la Création du Japon d’une manière mythique tout en lui donnant une nouvelle forme contemporaine.

Comment avez-vous connu la Fondation ?

Dans les milieux artistiques franco-japonais, la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa est bien connue et appréciée pour son soutien solide et sa longue présence à Paris. Quand on parle d’une nouvelle création, la Fondation est très appréciée pour son réel investissement humain, ses valeurs, et son aide à la production du projet. Donc, je la connaissais naturellement.

En dehors de l’aspect financier, que vous a apporté l’aide de la Fondation ?

Une confiance en mon projet basée sur cette responsabilité de former une vraie équipe pour la réalisation concrète de mon projet. C’est très important pour les artistes d’avoir un soutien et une responsabilité sociale puisque notre travail qui, au départ, est une création personnelle ne peut se réaliser sans l’appui d’une structure sociale comme la Fondation. La Fondation m’a apporté une crédibilité de mon projet et de mon travail. La reconnaissance de la Fondation puis du public présent pour Nuit Blanche vont me permettre de progresser et de m’investir avec confiance et certitudes dans la suite de mes activités.

La Fondation Franco-Japonaise Sasakawa en un mot ?

Un port pour se protéger et préparer sereinement à larguer les amarres. A ce port, on se réunit, on travaille pour réussir ce long voyage sur l’océan.

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Fondation franco-Japonaise Sasakawa

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