Projets soutenus par la Fondation

Defaut

Conférence « FUKUZAWA YUKICHI A PARIS EN 1862 »

avec Mme Shoko Yamaguchi, le 31 mai 2018 à 18h00

Après la signature du traité franco-japonais de 1858, le gouvernement Tokugawa décida, en 1862 d’envoyer une mission en Europe, y compris en France. Cette première délégation officielle japonaise en Europe est très peu connue. Pourtant, parmi les participants se trouve Fukuzawa Yukichi, futur « Voltaire japonais » qui éveilla ses compatriotes à l’idée de démocratie…

FUKUZAWA YUKICHI A PARIS EN 1862

par Mme Shoko Yamaguchi, journaliste écrivaine, ancienne directrice du bureau de Paris du SANKAI SHIMBUN (quotidien japonais)

à la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa
27, rue de Cherche-Midi, 75006 Paris (2ème étage gauche)
Un pot amical suivra la conférence
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Réservation au 01.44.39.30.40 ou par mail : siegeparis@ffjs.org

Présentation de la conférence
La France et le Japon fêtent le 160e anniversaire du Traité franco japonais en 2018 et 2019. A cette occasion, il ne faut pas oublier qu’une mission très importante a été envoyée en Europe et en France, en 1862.

Le Japon, sous le gouvernement Tokugawa, avait signé en 1858 un traité d’amitié et de commerce avec cinq pays, La France, le Royaume-Uni, La Hollande, La Russie et les Etats-Unis, afin d’ouvrir ses ports fermés aux étrangers depuis 250 ans.

Cependant, certains Seigneurs étaient contre ce traité et la xénophobie très forte. Le Grand Seigneur du gouvernement Tokugawa, Ii Naosuke, responsable de la signature de ce traité fut assassiné en 1860 et plusieurs personnes travaillant pour les ambassades française, britannique et américaine, agressées ou tuées.

Pour tenter d’apaiser les tensions le gouvernement Tokugawa décida d’envoyer une mission en Europe en 1862 dans le but d’obtenir des modifications du traité avec le maintien, pendant cinq ou sept ans, de la fermeture de deux grandes villes (Edo, ancien nom de Tôkyô, capitale du Japon, et Osaka, 2ème ville du pays) et de deux ports (Nigata et Hyôgo). (Les Etats-Unis donnèrent leur accord de principe pour ces modifications, par l’intermédiaire de l’ambassadeur Harris qui avait la totale confiance du gouvernement de son pays).

Au Japon, curieusement, ce voyage de la première délégation officielle japonaise en Europe est très peu connu. Parmi cette délégation, on peut trouver Fukuzawa Yukichi, futur « Voltaire japonais » qui éveilla à l’idée de la démocratie les Japonais, enfermés dans un régime féodal pendant 250 ans. Son portrait orne aujourd’hui le billet 10.000 yens japonais.

Fukuzawa Yukichi, fils d’une modeste famille de samuraïs fit preuve d’une grande intelligence et d’un esprit d’analyse d’une grande lucidité. Il avait 27ans lors de ce voyage. La participation de Yukichi au voyage de la délégation du gouvernement Tokugawa en 1860 aux Etats-Unis, dans l’objectif de ratifier le traité entre deux pays, est très connue. Cependant, il n’apprit pas grand-chose aux Etats-Unis alors qu’à Paris, il ressentit un véritable choc culturel.

Durant le règne de Napoléon III, marqué par un important développement économique, la France est un pays phare de la civilisation occidentale. Les visites de la délégation à Paris sont organisées par le Quai d’Orsay. Mais Yukichi en était souvent exclu à cause de son rang, bas, dans la hiérarchie samuraï. Cela ne l’empêche pas de faire la connaissance de Léon de Rosny, savant japonisant qui deviendra son ami et lui inspirera l’idée d’un journal quotidien au Japon. Il visitera en sa compagnie la Bibliothèque Nationale, l’Institut de France, le Jardin des Plantes, l’Hôpital Lariboisière, etc. C’est au cours de ce voyage que Yukichi comprend qu’il est nécessaire, désormais, pour le Japon de passer d’un Etat féodal à un Etat démocratique.

De retour dans son pays, il publie Seiyo Jijyo (L’Etat de l’occident) et Gakumon no susumé (L’Appel de l’étude) dans lesquels il explique la nécessité d’une révolution culturelle au Japon et d’une ouverture vers l’extérieur. Tous ses livres influencent fortement les Japonais. 200.000 exemplaires seront vendus à cette époque.

Au cours de sa vie, Yukichi a réalisé deux actions très importantes : la création de l’université Keio, l’une des meilleures universités privées au Japon et la création du premier quotidien japonais Jiji Shimpo.

Yukichi a également visité Londres, La Haye et Saint Petersburg, mais Paris reste la ville qui l’a le plus impressionné et où il a découvert et appris le plus de choses.

De leur côté, les Français ont été fascinés par cette délégation japonaise. Alors qu’ils s’attendaient à recevoir des gens très sauvages venus d’Extrême-Orient, ils ont accueilli des visiteurs raffinés, avec de beaux kimonos, cultivés et intelligents. Tous les journaux français écrivaient quotidiennement des articles à ce sujet.

Lors de leur séjour, plusieurs membres de la délégation japonaise posèrent devant l’objectif de Nadar. Les photographies de Nadar étant très chères, Yukichi a préféré acheter des livres plutôt que de poser pour lui.

Un autre photographe, peu connu, Philippe-Jacques Potteau a photographié la délégation japonaise au milieu de laquelle se trouvait Yukichi. Chaque portrait est comme d’habitude de face ou de profil mais Potteau a, exceptionnellement, photographié Yukichi en biais.

En 1900, l’anthropologue, Joseph Deniker a publié dans son livre historique Les races et peuples de la Terre une photo prise de face de Yukichi pour représenter un intellectuel typiquement japonais. Pourquoi a-t-il choisi particulièrement une photographie de Yukichi, simple traducteur et jeune inconnu, parmi celles des 38 membres de la délégation japonaise, dans laquelle on remarque trois grands seigneurs, y compris le chef de la délégation ?

Pour Mme Yamaguchi, cette première visite japonaise en France en 1862 marque le véritable commencement des relations entre les Français et les Japonais, surtout marquées par le travail de Fukuzawa Yukichi.

En 2018, la France et le Japon fêteront le 160ème anniversaire de l’établissement officiel des relations diplomatiques par la signature du « Traité d’amitié et de commerce » .

Pour les célébrations de la signature du traité, le 9 octobre 1858, des grands événements, essentiellement culturels, sont prévus sous le label « Japonisme ». Mais, du traité et des relations diplomatiques entre nos deux pays, il sera plus rarement question. Plutôt que de considérer comme allant de soi que la signature de ce traité constitue le geste fondateur des relations entre nos deux pays, il nous semble pertinent de l’interroger en le plaçant dans une perspective historique et géopolitique. En quoi sera-t-il déterminant pour les relations entre nos deux pays ? Comment ce traité ( et plus largement ces traités du Japon avec les puissances occidentales) auront participé à la modernisation rapide du Japon ? Et pourquoi pas, aussi, interroger sa nécessité en essayant d’imaginer ce qui se serait advenu des relations franco-japonaises si ce traité n’avait pas été signé ?

Cette conférence vous est proposée après la conférence inaugurale « Vision de la France par le Japon ; vision du Japon par la France : regards croisés » donnée par M. Jean-Bernard OUVRIEU, ancien Ambassadeur de France au Japon et M. Koichiro Matsuura, ancien Ambassadeur du Japon en France.

Defaut

Partager cet article

Fondation franco-Japonaise Sasakawa

Inscrivez-vous à notre lettre d’information